mardi 25 novembre 2008

L'APOCALYPSE SELON MARIE


Aux confins du surnaturel, un roman dense et dangereux…

Tout commence, le jour où l'ouragan Katrina ravage la Nouvelle-Orléans. Holly est une jeune réfugiée au centre d'un stade. Quelque chose de terrible s'est glissé en elle…

Toute la première partie du livre se consacre à la présentation des personnages. Comment et quoi les a construits tels qu'ils sont ? Est-ce que leur passé douloureux les a forgés dans cette nature profonde ? Pourquoi de tels dons leur ont-ils été accordés ? Que font-ils en faire et surtout vont-ils réussir à lutter contre le mal, lui aussi hérité ?

Puis comme des pions sur un échiquier terrestre, les forces des uns vont rencontrer les forces des autres pour s'unir et lutter contre celles des mauvais. Des méchants. Des vrais méchants préoccupés uniquement de leur intérêt. Des gentils. Des vrais gentils préoccupés de sauver l'humanité mais aussi de sauver la planète. 

Le défi est énorme. Tous les espoirs des uns sont placés dans Holly, une jeune fille qui hérite sans le savoir des pouvoirs des Révérendes. Tous les espoirs des autres résident dans la destruction d'Holly. Et ils en ont les moyens.

Protégée par les Gardiens des fleuves et les Révérendes et les anges, et les elfes, Holly sera au centre de la quête. Une quête où l'esprit vient aux loups, une quête où la préhistoire prend des formes inconnues…


L'apocalypse selon Marie de Patrick Graham aux éditions Anne Carrière540 pages, 22,50 euros.

LA FAUSSE VEUVE


Une histoire d'amour tronquée à la justesse bouleversante…

Tutoyant et vouvoyant dans la même phrase son amant disparu, Florence Ben Sadoun lui raconte et nous raconte dix ans plus tard cette histoire qui lui a été volée… Elle dit ce que furent leurs moments de partage, de bonheur, de désespoir, leurs tête-à-tête muets à l’hôpital, quand victime d’un grave accident cérébral, il s’écroule et se réveille paralysé et privé de parole. 
Racontée avec les mots d’une femme d’une justesse implacable cette histoire retrace l’amour dans lequel elle s’est condamnée pour s’occuper de lui jusqu’à la fin malgré ce qu'elle représentant aux yeux des autres : une fausse veuve.

Un roman sur l'amour et sur le deuil et sur le deuil de l'amour. Page après page, on est transporté dans des émotions dures, d’une profonde sensibilité. O.L.

La Fausse Veuve de Florence ben Sadoun aux éditions Denoël, 107 pages, 13 euros.

L’ANNEAU DE MOEBIUS


Un thriller mené comme une course à bout de souffle…

Stéphane Kismet rêve. Ou plutôt cauchemarde. Chaque nuit, les rêves/cauchemars sont de plus en plus violents, de plus en plus précis au point que ces visons nocturnes pourraient bien être des prémonitions. Il décide alors d'enquêter sur ses cauchemars devenant ainsi un traqueur de rêve quand il croise le chemin de Vic, un jeune flic débutant sa carrière avec une affaire très sombre. S'engage alors une course contre le temps avec un objectif unique : déjouer le destin.
Ce nouveau thriller mathématique de Franck Thilliez mène une intrigue qui laisse en haleine tout le long du livre. L'invitation de l'auteur est un aller simple pour l'enfer… Une histoire intense, glauque et troublante aux personnages attachants. À lire !!! O.L.

L’Anneau de Moebius de Franck Thilliez aux éditions le Passage.544 pages,, 22,50 euros.

mercredi 29 octobre 2008

RESERVATION ROAD


Présenté comme un thriller, Reservation Road est bien au-delà…

En pleine nuit, Josh, 10 ans, est mortellement touché par une voiture folle. Le conducteur s'enfuit. S'en suit un récit à trois voix. Celle de Grâce, la mère de Josh, celle d'Ethan, le père et celle de Dwight, le meurtrier. Chacun dans sa bulle se murmure inlassablement sa propre culpabilité. 
Elle … aurait dû tenir la main de son fils, il… n'aurait pas dû le laisser si près du bord de la route, il… n'aurait pas dû s'enfuir, rouler si vite, avoir si peur, être si en retard…
Si ce livre est un thriller, c'est seulement parce que l'on veut savoir si le père va retrouver l'autre et si oui, que va-t-il lui faire ?
Sinon, c'est un roman sur le deuil, la perte, la culpabilité, le mensonge à soi et aux autres. Un roman sur ce que l'on se chuchote à soi-même, quand on a mal, quand ceux qu'on aime n'ont plus d'importance, quand le chagrin grossit tous nos gestes jusqu'à leur faire perdre sens. Un roman sur ce que nous devons mobiliser en nous simplement pour respirer à demi.

Un roman ?! Hum. Dont les accents d'une telle vérité sonnent comme une histoire vécue. Quelle maestria !
Judith Lossmann

Reservation Road de john Burnham Schwartz aux éditions Albin Michel, 393 pages, 20 euros. Actuellement en librairies.

SEUL LE SILENCE




Que reste-t-il à perdre quand on vous a déjà tout pris ?

Je cite "The Guardian" : R.J. Ellory est un écrivain immense. Et lire cette histoire à la fois sombre, bouleversante, magnifiquement construite, à l'écriture d'une puissance rare, est une expérience qui vous laissera un souvenir impérissable. Et j'ajoute que ce roman sombre, noir, ne ressemble pas aux clichés du genre serial killer habituels. Cet auteur a dans sa plume, un je ne sais quoi qui transforme l'histoire à lire en histoire à vivre. On ne doute pas une seconde que dans la vraie vie, Ellory ait subi des expériences tragiques. Il semble connaître tous les recoins obscurs de l'être humain. À bien y penser, il se pourrait que des pans entiers de cette histoire soit de l'histoire vécue. Quoi qu'il en soi, respectons son intimité et laissons-vous porter par ce roman qui vous touchera tellement que vous finirez par penser que c'est à vous que c'est arrivé ! 
Judith Lossmann

Seul le silence de R. J. Ellory aux éditions Sonatine, 495 pages, 22 euros.

DIEU EST UN POTE À MOI


Un premier roman hilarant, sensible et juste…

IL. Il a trente ans, est sympa, est vendeur dans un sex-shop et son meilleur ami est Dieu. Oui, oui Dieu. Rien que ça ! C'est vachement pratique surtout quand IL rencontre Alice dont il tombe fou amoureux. Il sait que c'est la femme de sa vie. Sa vie, justement il la raconte à partir de l'an zéro, année où il rencontre et Dieu et Alice ! Tout va pour le mieux dans sa vie. Alice est brillante et formidable et amoureuse. Dieu est fidèle, comique et omniprésent. Évidemment, toute cette belle harmonie va se rompre. Dieu devra alors répondre aux questions qu'IL pose : pourquoi m'avoir choisi comme meilleur ami ? Pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir fait ça ?

Un premier roman comme on les adore. Simple, efficace, tendre, baptisé au jus de la vie.
Judith Lossmann

Dieu est un pote à moi de Cyril Massarotto aux éditions XO, 232 pages, 16,90 euros.

mercredi 22 octobre 2008

LA TENDRESSE DES LOUPS


Mystérieux, étincelant… Une folle course à la vérité…

En 1867, dans une petite bourgade canadienne, un trappeur, Laurent Jammet, claudiquant et dans la force de l'âge est retrouvé mort par Madame Ross. Le choc est terrible et fait long feu dans la petite communauté terriblement attachée aux conventions et aux convenances importées d'Écosse. Madame Ross elle-même semble avoir un passé douteux, à tout le moins, elle a des secrets à cacher. Le plus brûlant est sans doute la disparition de son fils adoptif qui concorde point par point au meurtre de Laurent. Est-il responsable ? A-t-il quelque chose à voir avec tout cela ? Incapable de croire à la culpabilité de son fils, Madame Ross se lance dans une enquête, accompagnée par un trappeur métis, quasi autiste, au mot rare et à la phrase impossible.

Courronné en 2007 par le prestigieux Costa Book Award Britannique du livre de l'année et du meilleur premier roman, "La tendresse des loups" a révélé un talent magistrale et une écriture étincelante. Vous vous perdrez avec délices dans ce roman à tiroirs envoûtant où rôdent des loups qui auraient bien plu à Jack London.

Judith Lossmann

La tendresse des loups de Stef Penney aux éditions Belfond, 456 pages, 22 euros. 

UN JARDIN DANS LES APPALACHES


Romancière mondialement célèbre, Barbara Kingsolver, nous conduit dans les Appalaches…

Si vous ne connaissez pas encore Barbara Kingsolver, je vous envie les moments de plaisir, les fous rires et les larmes de tendresse que vous ressentirez à la lecture des perles qu'elle a écrites : "L'arbre aux Haricots", "Les cochons au paradis", "Les yeux dans les arbres" et autres monuments de la littérature américaine.

Avec "Un jardin dans les Appalaches, l'auteure nous mène dans l'univers de ses convictions. Consciente des périls que court la planète, toute la famille Kingsolver, Steven L. Hopp son époux, leurs deux filles, Camille et Lily et elle-même, décide de s'installer dans une ferme des Appalaches dans laquelle ils passent habituellement leur vacances d'été. Cette installation à l'année va considérablement modifier leur univers. Il faut désormais se nourrir exclusivement de ce qu'ils sont capables de faire pousser, des animaux qu'ils élèvent ou de ce que produisent les exploitants régionaux.

Avec cette expérience qui aura pour toujours changé leur vie, on suit mois après mois, les moments truculents de cette famille.

Judith Lossmann

Un jardin dans les Appalaches de Barbara Kingsolver aux éditions Rivages, 520 pages, 23 euros. 

EQUINOXE


Rien de transcendant mais ça se laisse lire…

Sur fond d'alchimiste, de savoirs occultes ancestraux, de pouvoirs transmissibles de génération en génération, l'auteur bâtit un roman qui se déroule à Oxford en 2006 et en 1689. De nos jours, deux jeunes femmes sont assassinées. On a retiré le cœur de l'une, le cerveau de l'autre. On a remplacé les organes par une pièce d'or et une pièce d'argent. La série de meurtres est loin d'être finie. C'est l'ex femme du photographe de police, Philip Bainbridge, qui lève un début de voile sur ces assassinats. Elle remarque bien vite que les horaires des décès correspondant à d'importants mouvements célestes.

En consultant les archives locales, Laura Niven découvre que c'est la troisième série e meurtres en 400 ans … Qui ou quoi, se cache derrière cet étrange protocole ?
Judith Lossmann

Equinoxe de Michael White aux éditions Presses de la cité, 336 pages, 21 euros. 

mercredi 15 octobre 2008

C'EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS… OU PAS !


Les faits divers…

Des faits divers on fait de bons romans (Roméo et Juliette, Le Marchand de Venise, Le Cid…Antigone !) ; des films d’auteurs réussis, ou non ; des pages entières dans les journaux de qualité, ou non et des livres, recueils, bons ou mauvais.

« Ils l’ont fait », compilations de 500 faits divers triés sur le volet par Simon Marty et Philippe Chatenay, parmi plus de 18 000 articles du genre publiés par l’hebdomadaire Marianne depuis sa création, fait incontestablement parti des « Bons ».

Bon parce qu’ironique, bon parce que drolatique, bon parce que triste, surprenant, navrant, désespérant même, parfois. Finalement, bon parce qu’humain, malheureusement humain ! Souvent l’être déraille, bien fol qui s’y fie !

Du fiancé qui offre son doigt tranché en guise de preuve d’amour à sa promise, au divorcé vexé qui scie sa maison en deux pour emporter en camion « sa moitié des biens » loin de son ex…On reste dans la découpe ! Du chauffeur aveugle aux jumeaux noirs assignés à un couple parfaitement blanc…L’homme a ses limites que les limites ne connaissent pas.

À lire donc, pour savoir ce dont nous nous doutions déjà un peu : que nous sommes tous fous ! C’est toujours bon à prendre quand ce sont les cas des autres qui nous le prouvent.

Tristane Banon


« Ils l’ont fait ! » Préface de Jean-François Kahn. Éditions Max Milo Humour par Philippe Chatenay et Simon Marty. 318 pages. 18 euros.

ROMANS MYSTÉRIEUX


Les éditions Omnibus ont eu la bonne idée d'éditer une compil de Gaston Leroux …

Les plus anciens le connaissent bien. Qui ? Routabille, le fameux détective créé par la magique plume de Gaston Leroux. Les plus jeunes sont invités à découvrir le charme un peu suranné des ambiances de l'autre siècle, mais ils seront très vite fascinés par les enquêtes machiavéliques de Rouletabille. 
Pour en savoir plus sur cet auteur à part, rendez-vous à la Bibliothèque Nationale qui lui rend un hommage mérité. (jusqu'au 4 janvier).
Dans cette édition retrouvez l'univers gothique du "Fantôme de l'opéra". Immense succès qui n'a pris aucune ride. Texte majeur suivi de deux romans moins connus "Le Roi Mystère", véritable hommage à Alexandre-Dumas et "Le Secret de la boîte à thé".

Ces trois romans à rebondissements sont suivis de "Gaston Leroux connu et inconnu", rédigé par le gendre de l'auteur d'après des archives familiales bourrée d'anecdotes.

Judith Lossmann


Romans mystérieux de Gaston Leroux aux éditions Omnibus, 1120 pages, 28 euros. En librairie depuis le 2/10/2008.

CALUMET CITY


Un roman noir, très noir, bien dans la réalité américano-urbaine. Un autre monde…

Patti Black, policière, fréquente Chicago dans sa part la plus sombre. Gangs, ghetto, mafia relèvent de son univers quotidien. Pendant une opération de routine, elle découvre le corps emmuré d'Annabelle Ganz, disparue depuis des années. Or Annabelle n'est autre que la femme qui élevé Patti à Calumet City. D'autres fantômes accompagnent ces retrouvailles morbides : Roland, mari d'Annabelle, hanté par la religion et qui ne faisait pas que des sermons aux enfants placés chez lui… 
De fil en aiguille, d'autres découvertes replongent Patti dans son passé. Elle n'a pas d'autres choix que d'aller à Calumet City (cité ghetto dans la banlieue de Chicago) pour mener son enquête.

Un roman cocaïné qui dresse un portrait époustouflant des banlieues américaines.

Judith Lossmann

Calumet City de Charlie Newton aux éditions Presses de la Cité, 420 pages, 21 euros. Sorti depuis le 2 octobre.

RENÉ DE OBALDIA : 90 ANS ET TOUJOURS AUSSI ÉBAUHI !


Le 22 octobre, l’écrivain, poète et dramaturge français aura 90 ans. Tout le monde veut lui faire sa fête. On le réclame même à New York. Mais l’Académicien est en train de mettre la dernière main à de nouveaux « Impromptus » et planche pour 2009 sur un projet de comédie musicale. 

Les encyclopédies et les anthologies font l’éloge de sa vision cocasse et grinçante de la condition humaine, la Monnaie de Paris l’a frappé pour l’éternité en lui éditant une médaille à son effigie en 1997, certains de ses textes illuminent les manuels scolaires et des maîtrises et des thèses sur ses œuvres enrichissent les jeunes esprits. On le cite, on le commente. Il est un des auteurs les plus joués, les plus récompensés et les plus internationaux avec des traductions en 28 langues. 
Pourtant son corps ne repose dans aucun cimetière et sa date de mort ne figure nulle part. Normal, René de Obaldia fête ses 90 ans le 22 octobre prochain et l’homme de lettres a la délicatesse de s’excuser d’être encore vivant parce qu’on le croit mort. « Quand je dis que je ne suis pas mort, c’est évidement de l’humour. Il m’arrive à mon âge de perdre la mémoire et c’est humain. Mais quand je ne sais plus la date de ma naissance ou de ma mort, je me réfère aux ouvrages qui parlent de moi, j’apprends beaucoup de choses sur moi. Je reviens alors à moi-même ! » 

A la question de savoir si c’est aux jeux de l’esprit qu’il doit son étonnante vivacité, l’Académicien répond : « C’est une grâce en tous les cas. Je suis moi-même étonné, en fait, j’ai coutume de dire que je suis ébaubi. Pas seulement d’être encore en vie mais mon étonnement va à toute l’Humanité, je suis profondément intéressé par les autres. J’ai une grande curiosité pour tout ce qui m’entoure.» 

Le véritable amour : le renoncement de soi !

Qu’il s’agisse de l’amour, de l’amitié, des arts, de la nature, René de Obaldia assure n’être pas rassasié « de toutes ces beautés de la vie. » Peut-être parce que le romancier est passionné par le mystère de la vie et que sa quête est alors infinie. S’il se défend d’avoir la foi, cet ancien survivant de la barbarie nazie et des camps allemands en Pologne, fait sienne cette citation : « mon âme est profondément mystique mais mon esprit profondément critique. » « Je n’ai pas eu d’apparition comme Max Jacob, j’aurai bien aimé mais je n’ai pas eu cette chance ! » confesse ce catholique en état de grâce. « Je voue une grande admiration pour Saint-François d’Assise et les mystiques en général car je crois que c’est ça le véritable amour c’est-à-dire ce renoncement à soi-même pour aller vers les autres et les comprendre. » Alors faute de se prosterner sur un prie-dieu, René de Obaldia plie l’échine avec exaltation à sa table d’écriture. Et tout le monde lui pardonne! Car depuis des décennies cet écrivain régale les gens avec des romans, des poèmes, des pièces de théâtre. 
On ne peut qu’être reconnaissant envers celui qui « pour écrire doit se monter le bourrichon » comme disait Flaubert. Se mettre dans un état second, se cloîtrer dans le grenier aménagé d’une maison de campagne, fuir les mondanités pour la paix bucolique, voilà comment ce maître (en)chanteur de la belle langue française « se rassemble et se ressemble dans l’écriture ». Celui qui avoue « vivre par crise et écrire par impulsion » assure n’avoir pas de regret : « j’ai une œuvre et je suis étonné moi-même de tout ce que j’ai écrit.» 
Pour ce polygraphe et polyglotte, la préservation du verbe n’est pas un combat d’arrière-garde dans ce capharnaüm de mots rétrécis et étranglés pour gagner du temps et de l’espace : « c’est une grande tristesse car ces rétrécissements sont aussi ceux de l’esprit. Nous sommes dans une grande décadence où il y a confusion des genres, absence de valeurs auxquelles se raccrocher. On est dans l’insignifiant au lieu d’être dans la signification. Il y a une grande solitude des êtres et pourtant nous n’avons jamais eu autant de moyens de communication à notre disposition. » Celui qui définit l’amitié comme « un don de soi » et l’amour comme « la chose la plus merveilleuse sur cette Terre » est l’objet de toutes les attentions pour ses 90 ans. New York le réclame pour un hommage, les Editions Grasset attendent la remise d’une nouvelle création des « Impromptus », œuvre théâtrale née en 1961, la Comédie Française lui a commandé un discours sur le comédien Pierre Dux qui a été l’un de ses fidèles interprètes au théâtre et dont on commémore le 100ème anniversaire de sa naissance, le 21 octobre, soit 24 heures et 10 ans avant l’auteur. 
A ces agapes de l’esprit s’ajoutent une réédition de son œuvre théâtrale dans une édition spéciale, la reprise de la pièce « Les Bons Bourgeois » (1980) dans le cadre d’un cycle Molière et la transposition sur scène en version musicale de « Fantasmes de demoiselles, femmes faites ou défaites cherchant l’âme sœur » (poèmes, 2006). Ce fumeur de gitanes n’a pas fini de surprendre ses contemporains. Et encore plus peut-être le jour où, entre deux volutes de fumée, ils apprendront la date de sa mort ! 
Sophie Pajot

Repères

-Naissance le 22 octobre 1918, à Hong-Kong. Fils d’un consul panaméen et d’une mère d’origine picarde.
-Fait prisonnier en 1940 et envoyé au Stalag V III C en Pologne. Rapatrié comme grand malade en 1944.
-Commence sa carrière dramatique grâce à Jean Vilar en 1960 avec sa première pièce « Génousie » puis avec André Barsacq qui crée au Théâtre de l’Atelier « Le Satyre de la Villette » (qui fit scandale). 
-A été élu à l’Académie française le 24 juin 1999, au fauteuil 22, succédant à Julien Green
-Artiste complet : dramaturge, romancier, poète, académicien et citoyen du monde.

jeudi 9 octobre 2008

LA TÊTE EN FRICHE


Le narrateur de ce roman, Germain Chazes, 45 ans, se méfie de ceux qui parlent "tout en guirlandes et poils du cul".

Germain Chazes n'est pas bien malin. Lui-même reconnaît qu'il est cependant bien assez intelligent pour voir à quel point il est bête ! Il parle peu, souvent pour dire des conneries qui font rire sa bande de copains, ne lit pas, vit dans une caravane posée depuis des lustres dans le jardin de sa mère, avec laquelle il n'entretient aucune relation.

Un jour dans le parc où il compte régulièrement les pigeons, il fait la connaissance d'une petite mamie toute recroquevillée sur elle-même, qui s'échappe souvent de sa maison de retraite, pour venir faire la causette aux…pigeons. Ce sont ces volatiles urbains qui vont les réunir. Une superbe histoire d'amitié va naître de cette rencontre. Elle, très cultivée, l'appelant "Monsieur", le fait rire. Lui découvre en elle, l'intérêt qu'il n'a jamais réussi à susciter chez sa propre mère.

Voilà un roman merveilleux qui se lit d'une traite (impossible de le reposer) et qui possède le pouvoir de nous rendre disponible pour l'autre. Bravo à Marie-Sabine Roger. 
Judith Lossmann


La tête en friche de Marie-Sabine Roger aux éditions La Brune, 218 pages, 16,50 €

LAS VEGAS BABY


Le retour des enquêteurs de "Jamais je ne reviendrai"

Muté à Las Vegas, l'enquêteur Jonathan Stride rejoint Serena Dial (devenue sa compagne). À peine a-t-il le temps de poser ses bagages et d'avaler un hamburger que la ville entière est secouée par deux drames inexplicables. L'assassinat du fils d'un riche industriel et l'accident mortel d'un petit garçon sauvagement écrasé par un chauffard. 
Les victimes ne se connaissaient pas, n'avaient rien en commun et surtout aucun mobile apparent n'explique ces meurtres.
En très peu de temps, Stride et Dial vont devoir boucler leur enquête et découvrir qu'à Vegas soit tu gagnes soit tu perds tout, y compris la vie !

Haletant, rythmé et férocement écrit, on ne lâche Las Vegas baby qu'après avoir lu le mot fin.
Judith Lossmann

Las Vegas baby de Brian Freemann aux éditions Presses de la cité, 408 pages, 20 €

MA BONNE


Satire sociale dans la lignée de "Miss Daisy et son chauffeur" en plus drôle et plus acerbe…

Mary est ougandaise. Venue à Londres travailler chez un auteure de best-sellers et mère célibataire, elle passe le balai puis devient la nounou du petit Justin. Peu à peu une relation très maternelle s'instaure. 
Mary est de retour dans son pays depuis plus de dix ans, quand Vanessa, débordée par la déprime chronique de Justin (désormais âgé de 20 ans) demande à Mary de revenir à Londres pour aider son fils à s'en sortir. Par amour pour lui, Mary accepte. Mais du temps a passé, en Ouganda, Mary est devenue une femme aisée et indépendante.
Plus le jeune homme guérit plus les tensions montent. Quels sont les secrets murmurés dans la chambre de Justin ? Et quel est ce bruit de machine à écrire qui provient de la chambre de Mary ?
Judith Lossmann

Ma bonne de Maggie Gee aux éditions Belfond, 372 pages, 21 €

jeudi 2 octobre 2008

LA GUERRE LITTÉRAIRE


Critique politico-littéraire au bord de la crise de nerf !

Didier Jacob chronique l'actualité littéraire et politique sur son blog "rebuts de presse. Il ne s'interdit rien : aucune attaque, aucune mise à mort. Il démolit Florian Zeller, Frédéric Beigbeder et assassine de ses critiques acerbes les émissions telles que Campus, ironise sur les Immortels et juge les jurés du Goncourt. De quel droit ?
Chronique mondaine des moeurs élyséennes, pastiches et récits : il n'a pas la langue dans sa poche, le Sieur Jacob. 
Et bien, nous non plus : certes, on rie et l'on se moque dans " La guerre littéraire", mais nous n'avons pas aimé. C'est inutilement méchant et un poil crétin. D'autant que lorsque le critique devient auteur à son tour, ses œuvres se résume à un pet sur une tringle à rideau. Ça s'évanouit très vite et sans odeur !
Peut-être cela vous fera-t-il rire ? 
En parler était de bonne guerre (littéraire ?).

Judith Lossmann


La guerre littéraire de Didier Jacob aux éditions Héloïse d'Ormesson, 224 pages, 18 euros.

LE LIVRE D'HANNA


Ici, tout bruisse des voix du passé…

Tout commence à Sarajevo en 1996, lorsqu'une jeune restauratrice de manuscrits anciens, se voit confier un livre. Pas n'importe lequel, une célèbre Haggada ressurgie du fond des temps et sauvée des ruines de la ville par un conservateur musulman. Au fil de minuscules indices : un poil, une plume, une tache, Hanna va retracer l'histoire d'un peuple et celle des évènements, des guerres…

Une écriture toute en mouvement, précise et romanesque. Mais aussi et surtout , un livre émouvant qui irradie de la fragilité de l'Homme, du poids de ses croyances, de sa petitesse et de sa grandeur à la fois.
Judith Lossmann


Le livre d'Hanna de Geraldine Brooks aux éditions Belfond, 420 pages, 22 euros.

UN BÉBÉ ? NON MERCI…


Un livre qu'on ne lâche pas…

Drôle, parfois grave, toujours plein de charme, " Un Bébé ? Non merci… " écrit par une "star américaine" de la littérature féminine raconte l'histoire de Claudia, trente et un ans, qui mariée à Ben file le parfait amour. 
Amoureux comme au premier jour, ils partagent tout, y compris leur refus catégorique d'avoir des enfants et malgré cela, représentent aux yeux de tous, le couple idéal.
Pourtant après trois ans, Ben sent le désir de "se reproduire" s'insinuer en lui. Ça y est, lui aussi s'y met : il veut un enfant !!!
Une contradiction dans leur couple, le début d'une galère qui les mènera jusqu'au divorce. Claudia, décidée à tout recommencer de zéro, va tenter d'oublier Ben. Mais rien n'est plus difficile. 
Judith Lossmann.

Un bébé ? non merci… d'Emily Giffin aux éditions Presses de la cité, 348 pages, 19,50 euros.

mercredi 24 septembre 2008

MADONNA



À l'heure où sort son premier film en tant que réalisatrice, "Obscénité et Vertu", il est intéressant de découvrir les rouages de la personnalité de l'une de nos plus grandes icônes pop.

Elle est la chanteuse la mieux payée de tous les temps et la femme la plus célèbre du monde. De son enfance difficile à ses premières années trépidantes à New York, des scandales "Sex" des années 90 au modèle de vertu qu'elle développe et représente depuis quelques années, Madonna Ciccone, pose questions et d'abord à elle-même. Se vivre ainsi, à la fois ange et démon, se réinventer en permanence, surfer depuis bientôt 30 ans au sommet des chart, être grosse puis maigre, puis sportive, adopter, dans la controverse, nécessitait bien une biographie. 
Sans concession, la bio de Lucy O'Brien analyse le phénomène Madonna, son parcours, ses rêves, ses ambitions et ajoute des touches subtiles au portrait de la star au travers d'interviews réalisées auprès de ceux qui la ou l'ont côtoyée : musiciens, paroliers, danseurs, producteurs, réalisateurs. Quelle femme !

Judith Lossmann

Madonna de Lucy O'Brien aux Éditions Presses de la Cité, 482 pages, 22,50 €.

L'HOMME QUI VOULAIT VOIR MAHONA


Un nouveau livre signé Henri Gougaud…

Avec cet auteur, conteur à l'imagination féconde, impossible d'être déçu. Nous vous présentons régulièrement les œuvres de cet écrivain particulièrement prolifique.
Avec cet opus, il nous conduit dans l'Amérique du Nord et du Sud, bien avant qu'elles ne s'appellent Etats-Unis ou Latine. À l'époque, où la Floride et son sud sont peuplés d'Indiens pacifiques, se nourrissant de plantes, de fruits et de maïs, craignant la colère des cieux et des montagnes, jetant des pièces d'or au fond des lacs d'altitude pour apaiser les Dieux. À l'époque, où les premiers espagnols, à peine descendus de leur caravelles, sont reçus comme des frères, certes bien différents, mais des hommes, que diable ! Qu'importe la couleur. Une bienveillance qui n'aurait pas de réciprocité.

Gougaud décrit avec un style bien à lui, comment les espagnols vont poser les bases de l'anéantissement des indiens et comment le héros de son histoire va prendre partie, malgré lui, pour ces hommes si sages qu'il sait en voie de disparition. 

Une merveille de beauté, de bonté, un livre à lire absolument.

Judith Lossmann

L'homme qui voulait voir Mahona aux Éditions Albin Michel, 308 pages, 19,50 €

POURQUOI LES ARAINGÉES NE SE PRENNENT PAS DANS LEUR TOILE ?


… et autres petits mystères de la science

Par exemple pourquoi vous est-il impossible de vous chatouiller vous-même ? Que se passerait-il si vous tombiez dans un trou noir ? Pourquoi toutes ces fossettes sur les balles de golf ? Au foot, pourquoi a-t-on l'avantage quand on joue à domicile ? Où commence l'espace ? Pourquoi le cri du canard ne produit-il pas d'écho ?

Une sélection des meilleures questions/réponses scientifiques parues dans le Sunday Telegraph, sur toutes les interrogations, petites, grandes, parfois futiles et les plus souvent drôles. 

Les minuscules mystères du quotidien ne sont pas moins fascinants que les grandes théories de l'Univers…

Judith Lossmann

Pourquoi les araignées ne se prennent pas dans leur toile ? de Robert Matthews aux éditions First Editions, 295 pages, 14,90 €.

mardi 16 septembre 2008

SO CHIC


Comment une anglaise voit les françaises…

Quand la british Helena Frith Powell débarque en France, pour suivre son mari muté dans le sud, elle voit les française comme des caricatures se résumant à : deux rouges à lèvres et un amant tiret anorexiques ! 
Joli programme s'il en ait et qui pourrait passer pour réel mais évidemment la formule ne résiste heureusement pas à l'analyse que l'auteur fait de nos compatriotes. 
Toutefois, sa vision - organisée comme des classeurs d'écoliers (Oublions le Botox, Bonjour Paresse,Dix kilos, etc…) de nos contemporaines, est plutôt gratinée. C'est à mourir de rire et - avouons-le - loin d'être faux. Son livre est un amusant constat de ce que sont les françaises (plutôt hype qu'ouvrières), dommage, c'est le seul reproche que l'on peut lui faire.
On y apprend quelques secrets de beauté de Catherine Deneuve, Carla Bruni, Annie Duperey et de bien d'autres… 

Découvrir comment on nous voit à l'étranger vaut bien un charmant détour dans So Chic !

Judith Lossmann

So chic de Helena Frith Powell aux édictions Leduc, 215 pages, 16,90 euros.

LA VOITURE DE PAPA


Par l'auteur de la saga familiale "Nos meilleur années" qui a connu un immense succès en France en 2003…

Un médecin admiré, issu d'une riche famille milanaise est soudainement rattrapé par son passé de militant d'extrême gauche. Alors que sa vie ronronne, Mario, son copain d'enfance surgit dans son quotidien : il a évolué vers le terroriste et est recherché. Leur ancien chef, devenu un juge féroce et manipulateur, très engagé dans la lutte contre le terrorisme ne va tarder à renouer également avec le médecin. Pour les trois anciens amis, rien n'est plus comme avant…

Un habile roman sur l'amitié et les illusions perdues. Je ne peux que regretter le style ampoulé qui alourdit le récit. Pour tout le reste, c'est à lire…

Judith Lossmann



La voiture de papa de Marco Tullio Giordana aux éditions JC Lattès, 340 pages, 20 euros.

LA MORT DÉCODÉE



Rien de triste ne se cache sous ce titre, bien au contraire…

L'auteur est médecin anesthésiste-réanimateur, c'est dire, s'il sait de quoi il parle ! 
Pour évoquer ces expériences de NDE (Expérience de mort imminente, de T.C.I. ( (Trans Communication Instrumentale), d'écriture automatique et autres technique de l'arsenal quotidien de ceux qui cherchent à savoir s'il existe une vie après la mort, Jean-Jacques Charbonier a choisi d'écrire un "roman" initiatiques sur les états de conscience modifiés.
On rentre donc de plein pied dans l'histoire de ces deux familles qui, chacune leur tour, perdent leur adolescent dans des circonstances accidentelles banales. Dans leur besoin de faire leur deuil respectif, les familles auront recours à nombre de méthodes existantes sur le marché, charlatans y compris. 

À travers cette histoire, Charbonier, livre son témoignage sur des récits de NDE, des phénomènes étranges et des découvertes que la physique quantique ne saurait renier.

Un livre idéal pour ceux qui sont au début de leur quête. Les autres s'ennuieront.

Judith Lossmann

La mort décodée de Jean-Jacques Charbonier aux éditions Exergue, 287 pages, 20 euros.

mardi 9 septembre 2008

MAUDIT KARMA


Drôle et surprenant… on aime !

Kim Lange est présentatrice vedette à la Tv où elle anime un célèbre talk-show. Alors bien sûr, elle trompe son mari, néglige sa petite fille, déteste sa mère, règne en despote sur son entourage professionnel… Le soir de la remise de prix qui la couronne Star de l'année, une météorite, un peu spéciale, lui tombe sur la tête. Elle meurt et ayant accumulé trop de mauvais karma, se réincarne en fourmi ! Ce qu'elle pouvait espérer de mieux quand on sait que certains se réincarnent en amibes ou en bactéries intestinales !
Commence alors un long chemin pour remonter l'échelle des réincarnations. 
Kim sera tout à tour vache, écureuil, cochon d'inde, fourmi encore et encore… Kim, qui ne perdra jamais sa conscience "humaine" rencontrera sur sa route Cassanova.
Autant d'expériences qui lui permettront de revoir sa conceptions de l'existence.

C'est intelligent, émouvant, incisif. On le lit sans pouvoir s'arrêter.

Judith Lossmann


Maudit Karma de David Safier aux éditions Presses de la cité – environ 15 euros.

LE FIANCÉ DE LA LUNE



Un premier roman…

Éternel célibataire, playboy et coucheur, toujours entre deux avions, Arno va tomber fou amoureux de la jeune chanteuse Giannina. Et puis malgré la beauté de l'amour, celui-ci va commencer à fondre, à s'étioler, jusqu'à la tromperie. Classique. Rien ne résiste au temps ! Sauf que Giannina va apprendre qu'elle est atteinte d'une maladie incurable. Que va-t-il se passer dans la tête d'Arno ?

Les mots sont simples, certaines phrases vont virevolter nos cœurs et nos âmes et puis c'est une histoire de passion… Nous y sommes tous sensibles n'est-ce pas ?

Pourtant, Arno ne m'est pas sympathique, il est somme toute assez banal, vite rassasié, trop vite pour en faire un héros quotidien ! Est-ce sa faute ou celle de son créateur ? On le saura dans le second roman d'Éric Genetet. À suivre.

Judith Lossmann



Le fiancé de la lune d'Éric Genetet aux éditions Héloïse d'Ormesson – 124 pages – 15 euros.

mardi 29 juillet 2008

LE MAITRE DES NOMS


Un premier roman extrêmement bien construit. Vivement le prochain… 

Paris, 2045. La vie de la société est régie par Gorgone, un réseau informatique ultra sophistiqué dont les milliards de ramifications, en fibres optiques, s'insinuent absolument partout, même sous la peau des citoyens. Une "solution risque zéro", née des crises sécuritaires des décades précédents et globalement très bien acceptée par la population, qui, à son habitude, ne se pose que peu de questions et vaque à ses occupations quotidiennes… Ainsi la vie passe-t-elle ! 
Jusqu'au jour où Anne Ripley, haut fonctionnaire, formatée aux roueries de Gorgone, trouve un carnet dans le métro. Elle y découvre l'étrange confession d'une inconnue qui explique comment elle a été obligée de tuer et au nom de quoi.
Avec cette lecture, la vie d'Anne bascule. À son tour, elle n'a d'autres choix que de pénétrer dans le machiavélisme de ce jeu grandeur nature où ceux qu'elle aime sont en danger de mort, sauf si elle trouve la solution de l'énigme…

Voilà un roman qui se dévore. Il décrit des situations quotidiennes ce qui ajoute encore au climat d'angoisse et de danger qui alimente l'histoire. Très vite, on se dit que ce futur est déjà à notre porte. Et si tout cela était possible, que ferions-nous ? 

Judith Lossmann


Le maître des noms de Josef Ladik aux éditions First Thriller, 442 pages, 19,90 euros.

LA THÉORIE GAÏA


Un livre sur la violence des Hommes…

Sur Terre, la violence ne cesse d'augmenter… On compte de plus en plus de serials killers… Les scientifiques s'interrogent et une théorie semble s'imposer : l'homme de Néanderthal n'est pas l'ancêtre d'Homo Sapiens, il a même été son contemporain un sacré bout de temps, puis a fini par disparaître, alors que sa capacité cérébrale était supérieure à celle de Sapiens ! 
Alors pourquoi a-t-il disparu ? Vraisemblablement parce qu'il était… gentil, dénué de l'instinct de meurtre. Et puis, l'arrivée d'Homo Sapiens, répondait à une attente naturelle d'auto destruction… Aucune race n'est éternelle à la surface de la Terre, n'est-ce pas ?

L'idée de base de ce troisième opus est excellente. Il y avait de quoi écrire un roman aux frontières du génie mais Chattam s'est laissé prendre à son jeu et nous livre ici un roman sanguinolent, une sorte de série B américaine, assez prévisible et finalement décevante. Dommage ! À réserver aux amoureux du genre qui de fait, ne seront pas déçus. Du sang et du suspens tu veux, du sang et du suspens tu auras.

Judith Lossmann

La théorie Gaïa de Maxime Chattam aux éditions Albin Michel405 pages, 22 euros.

LE MURMURE DES PIERRES


Enfant, Katie inscrit son histoire personnelle dans les carrières de pierre de son pays…

… Puis devenue grande, adulte, va en écouter le murmure pour retrouver qui elle est vraiment. L'auteure pose la question de l'importance de l'environnement. Comment et jusqu'à quel point celui-ci influence-t-il nos vies ? Que lui doit-on dans ce que nous sommes devenus ? Comment inscrit-il son empreinte et nous poursuit-il tout au long de notre vie ?
Quand après de décennies de fuite, Katie, devenue Kit, revient exercer son métier d'ingénieur des mines dans la région de son enfance, elle croit avoir tout effacé, tout expliqué et tout réglé. Évidemment, il n'en ait rien, bien au contraire. Chaque pierre, chaque façade lui re-raconte son histoire autrement jusqu'à la rencontre avec l'amoureux de son adolescence, incapable de la reconnaître…

Un roman quelque peu confus mais tout en douceur et en lenteur qui construit pierre après pierre l'édifice d'une vie où nous rentrons sur la pointe des pieds, nous heurtant au noirs recoins des cavernes minières jusqu'à la fin lumineuse qui éclaire toutes les scènes.

Judith Lossmann

Le murmure des pierres de Jenni Mills aux édition Belfond, 475 pages – 22 euros.

LA DERNIÈRE CONCUBINE


La vie de Sachi à la croisée de deux mondes…

Deux Japons s'opposent dans ce livre. L'ancien, raffiné, traditionnel, gracieux et délicat, régit par le shogun et le moderne, combatif, réactif, dangereux, militant, hésitant…
C'est au travers de la vie d'une jeune et magnifique paysanne, que l'auteur nous livre, une vision parallèle d'un monde qui meurt quand l'autre naît. 
Témoin malgré elle, Sachi, choisie par le shogun, pour sa grâce et sa beauté deviendra sa concubine avant de fuir le nouveau régime après la mort de son amant. Devenue aventurière, elle pénétrera l'étrange secret de ses origines et avec elles, nous fera pénétrer l'âme d'un pays à la culture étonnante.
Judith Lossmann

La dernière concubine de Lesley Downer aux éditions Presses de la cité – 456 pages – 21 euros

L'ANGE DE WHITECHAPEL


Une plongée dans le Londres du début du xxème siècle…

India Selwyn Jones, riche héritière, tout juste diplômée en médecine, renonce aux honneurs de son rang pour se consacrer aux plus miséreux du quartier de Whitechapel… où règne sur le cloaque local, le célèbre et ténébreux gangster Sid Malone… 
Ce qui ne devait pas arriver arriva… la jolie et entêtée India tombe amoureuse du méchant Sid, au grand regret de Freddie Lytton, son fiancé, politicien arriviste, très motivé par la dot de la jeune femme !
Émotions, combats, ruptures, crises, larmes et espoirs émaillent ce sublime roman de Jennifer Donnelly. Au travers des vocations humanistes d'India, dont le grand projet consiste à fonder des dispensaires gratuits partout dans le pays, on plonge dans l'Angleterre post-victorienne … du Parlement de Westminster aux pubs mal famés des quartiers populaires et bien au-delà.

Un savoureux mélange d'Oliver Twist, de Roméo et Juliette dans une ambiance virile et sauvage à la Gangs of New York !

Judith Lossmann


L'ange de Whitechapel de Jennifer Donnelly aux éditions Belfond, 672 pages – 22,50 euros.

ANATOMIE D'UN CRIME


Un roman noir, reflet sans concession de notre époque barbaresque et des ses atrocités…

La reine du crime a encore frappé. Cette fois, l'historie se déroule à Londres et Joel Campbell, jeune métis adolescent est le meurtrier. Pourquoi ? S'agit-il d'un acte gratuit ou au contraire largement prémédité ? Quel est le lien entre lui et la respectable Lady Helen, abattue devant chez elle ? Et si derrière l'apparente évidence de cet acte se cachait un pacte terrifiant conclu entre Joel et …, pour sauvegarder sa famille ou ce qu'il en reste.

Tout est possible, à l'image de cette scène inaugurale où la grand-mère des trois enfants, les abandonne après un long trajet en bus censé les conduire à l'aéroport, pour partir seule et libre dans la Jamaïque de ses origines, laissant derrière elle, les traces humaines de son passage en Occident…
Judith Lossmann

Anatomie d'un crime d'Elizabeth George aux éditions Presses de la Cité – 493 pages – 22 euros.

vendredi 20 juin 2008

RÉGIME MORTEL


Croisons les doigts… pourvu qu'Éric Nataf est fait un cauchemar le jour où il a décidé d'écrire ce roman… Sinon, gare à nous !

L'auteur est médecin, radiologue et échographe. Il s'est imposé avec "Autobiographie d'un virus" et l'incroyable "Mal par le mal" qui mettait en scène des meurtres "homéopathiques". Absolument génial, je vous le conseille.

Dans Régime Mortel, on entre dans le domaine des alicaments, cette branche récente de l'industrie alimentaire qui va, au fil des années, nous proposer des produits censés être "bons" au goût et pour notre santé. Mais que doit-on penser des compétences réelles des laitiers devenus fabricants de yaourt et qui seront bientôt des prescripteurs de produits à vocation sanitaire ? 
C'est toute la question que pose Éric Nataf. Et, sa réponse demeure quelque peu inquiétante. 
Certes, réjouissons-nous, il ne s'agit que d'un roman, un thriller médical à la française. Quand même, je conserve, après cette lecture, une certaine aversion au mélange des genres. Pitié, que les laitiers demeurent de simples laitiers et les professionnels de la santé sauront où est leur place.
Fascinant et diaboliquement bien écrit… 
Une chose est certaine, avec ce thriller qui nous plonge dans le monde des obèses au régime, on ne reste pas sur sa faim !
Judith Lossmann


Régime Mortel d'Éric Nataf aux Éditions Odile Jacob – 558 pages - 21 euros

LA CHAMBRE AUX ÉCHOS


Ici, Richard Powers poursuit sa réflexion sur les responsabilités individuelles, la science et ses limites et le sens de l'histoire.

Tout commence comme dans un classique film américain à rebondissements. Une nuit, Mark est victime d'un accident. Il est laissé pour mort avec à côté de lui, une étrange note anonyme. Conduit à l'hôpital, il est veillé par Karine, sa sœur, obligée au vu des circonstances de revenir dans sa ville natale, quittée des années plus tôt. 
Mark est dans un coma profond. Un légume qui pourtant petit à petit va se réveiller, sortir de sa léthargie et réapprendre à vivre. Sauf qu'il ne reconnaît pas Karine. Il admet qu'elle est un sosie parfait de sa sœur mais diagnostiqué syndrome de Capgras, Mark est incapable d'associer les visages familiers aux émotions qu'il devrait ressentir. Karine fait alors intervenir le célèbre neurologue, Gerald Weber, qui va tenter avec difficulté de refaire le chemin des événements qui ont "provoqué" l'accident de Mark.

Ce roman lent et lourd de sens, écrit tout en subtilité et en savoirs, demande que l'on prenne le temps de le pénétrer. Le travail du lecteur s'assimile peu à peu à la quête de Karine et aux redécouvertes de Mark. Reconstruire son cerveau n'est pas une mince affaire et l'auteur avec un talent nous conduit par la main jusqu'à la fin de l'histoire et son étonnante surprise.

Judith Lossmann

La chambre aux échos de Richard Powers aux Éditions Le cherche Midi, 480 pages – 23 euros.

POUR EN FINIR AVEC LE VIEUX SOCIALISME



Pour en finir avec le vieux socialisme…De façon pas piquée des hannetons !

Voilà un livre politique qui, en dépit de son titre, n’a rien du poncif…Étonnant, pour le moins. Pour en finir avec le vieux socialisme…Et être enfin de gauche !, l’entretien de Manuel Valls avec le journaliste politique Claude Askolovitch, publié aux éditions Robert Laffont, est quelque peu… atypique ! 

Prenons d’abord la forme. Dans ce livre, messieurs Valls et Askolovitch se tutoient ; une façon d’en finir avec l’hypocrisie habituelle, qui consiste à être proches, intimes parfois, hors caméra, et à servir du « vous » à tour de bras devant les téléspectateurs, en l’occurrence, les lecteurs. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps et l’on apprécie cet état de fait. Pourquoi ? Élémentaire mon cher citoyen, parce qu’à un ami, on sert difficilement de la langue de bois, au risque de se retrouver raillé dans la minute, ce que Claude Askolovitch ne se prive pas de faire, parfois. L’avertissement est donné, d’entrée, par les comparses : « Nous nous connaissons depuis vingt-six ans, sommes amis dans la vraie vie, ce qui n’empêche ni les désaccords, ni les engueulades, ni d’ailleurs les convergences et les complicités ». 
Et du fond…Qu’en dire ? Le pire et le meilleur. Rien de neuf sous le soleil rose, crépusculaire peut-être mais pas tout à fait couchant, des socialistes. Le député-maire d’Évry est de gauche car, depuis l’enfance, la droite lui a été désignée comme le mal incarné. Alors tout peut vriller dans la mécanique socialiste, cette chose-là ne peut pas changer (Rien à voir avec monsieur Eric Besson donc, dont le même Claude Askolovitch avait, également, été le confesseur). 
Pourtant, et c’est là que ça devient intéressant, Manuel Valls reconnaît qu’il faut tout remettre à plat. Tout détruire pour tout reconstruire. Même le nom…Socialiste, c’est dépassé ! D’aucun aurait peut-être dit vieilli, usé, fatigué, mais c’était un autre temps. Royal aussi, dépassée. Celle qu’il a pourtant soutenue, fût un temps, en prend pour son grade « C’était un one shot. C’est raté ». Valls n’est pas un réparateur, ni un colmateur, c’est un bâtisseur. Un blairiste dans l’âme, dans la technique tout du moins. Cassons tout, déblayons, et reprenons le chantier à zéro . Il n’est pas le seul, mais ses propositions pour ce faire ont le mérite de tenir la route…Parfois. Car détruire d’accord, mais quoi reconstruire sur les gravas ? Et c’est là que le bât blesse malgré tout. Valls propose plus que Dray, Moscovici et consorts ; mais plus que rien ça continue de faire pas grand-chose. Quand il dit qu’il faut allonger la durée de cotisation pour sauver le régime des retraites, force est de constater qu’il ne révolutionne pas la roue. Et, lorsqu’il veut réconcilier la gauche et le monde de l’entreprise, il enfonce, jusqu’au bout, des portes déjà grandes ouvertes. Mais ça sonne juste, convaincu, et parfois même convaincant, ce qui est déjà méritoire. 
Son modèle, c’est SarkoBlair… Pas vraiment de gauche tout ça, mais qu’importe. Notre actuel président a su « ré-identifier la droite », Valls veut être celui qui va « ré-identifier la gauche ». Les idées de Monsieur Valls tiennent néanmoins la route. L’ensemble reste prometteur. En politique, on reste jeune longtemps…
Tristane Banon

Manuel Valls. Pour en finir avec le vieux socialisme…Et être enfin de gauche ! Entretiens avec Claude Askolovitch, Éditions Robert Laffont. 198 pages, 19 euros.

LE DERNIER ÉVANGILE


Troisième roman de l’auteur, le Dernier Evangile remet en scène Jack Howard et Costas Katzanzakis, les deux archéologues spécialistes de l’histoire sous-marine déjà présents dans Atlantis et dans Le Chandelier d’Or. 

Cette fois, c'est la découverte d'une épave de navire du 1er siècle après JC qui cachait une amphore signée de la main de Saint-Paul qui met le feu aux poudres. Dans le même temps, Maria, la collègue de Jack, découvre à Herculanum, un document écrit de la main même de Jésus. Une découverte, qui avérée, bouleverserait les fondements de la chrétienté. Entre ceux qui veulent mettre à jour leurs découvertes et ceux, sombres et noirs qui veulent l'enfouir à jamais, le combat fait rage.

David Gibbins nous livre ici, une excellente histoire d’aventures sans prétention, aux évocations historiques fascinantes. Les héros sont sympathiques et les méchants très méchants.
Judith Lossmann

Le dernier évangile de David Gibbins aux éditions First Éditions – 432 pages – 21,90 euros.