mardi 30 décembre 2014

2014 FUT UNE ANNÉE POURRIE À PLUS D’UN TITRE !

Comme l’annonce le titre, les livres et moi avons passé une année 2014 épouvantable. L’année fut pourrie entre les livres et moi ! Les livres… n’ont eu aucune grâce à mes yeux. Je me suis ennuyée. Je les ai trouvé plats, sans saveur, sans aspérité, sans talent… Globalement, des pages pour ne rien dire. Pas de vibration, pas d’envie de nuit blanche, rien, nada, que néni, zéro ! J’en aurais presque fait la gueule aux attachées de presse avec lesquelles je collabore depuis des années !

2014, l’année pourrie entre les livres et moi. ©Judith Lossmann pour La Vie Est Belle Voyages

Avec le temps (je dois bien en être à 6500/7000 livres lus),  j’ai développé une espèce de talent, certes redoutable pour les auteurs de la lenteur… En quelques paragraphes, moins d’un chapitre, souvent quelques lignes, je sais ou plutôt je sens, si je viens d’ouvrir un bon livre ou un mauvais ou pire encore, un "oubliable" instantanément.
2014 aura été riche en bouquins vains, en livres insipides, en narration tronquée, en fin débile, en manque d’énergie. Adieu la poésie, les univers, les grands sentiments, la guerre, la science-fiction, les croyances, l’amour, les envies de tuer, les secrets, les maisons hantées, les destins, les sagas…

Bienvenue en terre de papier noirci avec de vagues histoires de cul, du porno policé pour mamas post trentenaires qui rêvent de fessées en public (mais juste ce qu’il faut), de jeunes femmes insatiables qui découvrent qu’on peut se faire attacher le coeur en même temps qu’on se fait attacher au lit (aie ! chéri tu me fais mal).
Bienvenue en terre de papier noirci par des histoires de familles jalouses, de Satan sur les routes, de vaches qui ne veulent pas finir en steak (même pas drôle), d’octogénaires braqueurs de banque.

O-dieux des livres, que n’ai-je lu comme conneries cette année !

Avoir tellement aimé lire, savouré des milliers de livres, être sortie en pleine nuit pour acheter un roman dans une gare de province et en être réduite, devenue « professionnelle » de la lecture – une sorte de journaliste/bloggeuse/critique – à rejeter la mauvaise littérature, les histoires sans intérêt, ressassées, bêtes, inutiles, sans charme, vulgaires, mal écrites… quelle tristesse !

Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, j’ai eu des piles de livres à côté de mon lit. En me couchant, je les admirais. Selon mon humeur, je choisissais l’un ou l’autre. Des histoires pour m’enfuir. Des histoires pour avoir peur. Il m’est arrivé de me relever pour vérifier que tout était bien fermé… tellement avec de simples mots, certains auteurs savaient vous mettre les poils à l’envers. Des histoires pour aimer. Des histoires pour rêver. Des histoires pour voyager. Un grand moment que celui du choix.
Que je les aimais ces livres aux jambes écartées, ou comme je me plais à le dire, aux pages écartelées qui se stabilisaient sur des hauteurs improbables.

Cette année, les piles se sont raccourcies autour de mon lit. Les plus proches étant les derniers ouverts, peut-être feuilletés, certainement pas lus. S’ils l’avaient été, ils auraient alors consciencieusement rejoints sur l’étagère les découvertes à faire partager. Face à la petite colonne de bouquins, désespérée d’avance, émettant soupir sur soupir, il m’a fallu piocher dans ces milliards de mots, ceux qui enfin, raconteraient une histoire avec suffisamment de talent pour la conduire au mot fin. Pour tirer au sort le livre débuté auquel je donnerais une seconde chance, voire une troisième, ma main, telle la pince d’une grue, s’appliquait à saisir un angle de couverture, pour tirer à moi le livre choisi. Quelques lignes lues, au mieux un chapitre et l’ennui 2014 réapparait… Rien de bon décidemment !

Pfff ! je vais aller regarder la télé puisque les auteurs ont démissionné.




lundi 10 novembre 2014

LA VALLÉE DES POUPÉES de Jacqueline Susann

Un hymne au cynisme !

Paru en 1966 et jugé subversif lors de sa sortie, ce livre n’a pas pris un ride. Mieux, le (re)lire aujourd’hui, est un acte de féminisme. Car si l’on peut penser que c’était le cas à sa sortie, ce serait une erreur, tout simplement parce que historiquement entre 1945 et 1965, le féminisme n’existait pas.

La vallée des Poupées - © La Vie Est Belle VOYAGES



De quoi ça parle ?
De la vie de trois très jolies filles. Elles arrivent simultanément à New-York en septembre 1945. Anne, la jolie et très élégante Anne, à la beauté réelle mais discrète veut quitter sa province et devenir secrétaire pour gagner son indépendance.
Neely, dotée d’une beauté cachée qui ne demandera qu’à éclore et un peu petite, chante et danse. Son rêve : Broadway ! Quant à Jennifer, la sublime Jennifer, à la beauté si percutante qu’elle en devient presque une agression, elle veut être mannequin.
Les trois femmes se rencontrent, sympathisent, partagent leur vie, leur gloire, leur succès. Des coulisses de Broadway aux plateaux d’Hollywood, elles cherchent la reconnaissance, mais surtout l’amour.
Et pour tenir dans cet enfer au masculin, on peut toujours demander de l’aide aux poupées. Vertes, roses, bleues ou jaunes, il y a celles qui font dormir, celles qui réveillent, celles qui boustent l’adrénaline, celles qui font maigrir.

Un roman très réussi, toujours tellement actuel, cynique à souhait. Il s’est vendu à 30 millions d’exemplaires dans le monde. Le lire est une nécessité.

La vallée des poupées de Jacqueline Susann aux Presses de la cité.






UNE SYMPHONIE AMÉRICAINE d’Alex George

Un siècle d’histoire américaine au travers de la vie d’une famille émigrée.

Un très joli et très agréable roman. Une de ces pépites fort agréables à lire. Un livre à côté duquel il serait facile de passer et ce serait dommage.
Écrit à la première personne, par le fils de cet homme et de cette femme qui ont fuit l’Allemagne, le livre ressemble à une sorte de biographie, une fresque touchante et drôle. En réalité, l’auteur n’a sans doute rien à voir avec cette famille qu’il s’est inventée pour l’occasion, mais ça fonctionne bien.

Une symphonie américaine - © La Vie Est Belle VOYAGES


Tout commence à Hanovre où la voix de baryton de Frederick Meisenheimer, jaillit d’un bosquet, pour séduire l’immense Jette, qui ne résistera pas longtemps.
Enceinte, amenant la honte sur sa famille, Jette fuit avec Frederick sur le premier bateau venu. Ce sera donc l’Amérique. Où en Amérique ? Le hasard en décidera… et la musique aussi. La musique, amie invitée permanente de cette famille où l’on chante.
Des enfants naissent, des affaire se font et l’on traverse la grande guerre, la prohibition, la grande dépression des années 1930, la seconde guerre mondiale, l’assassinat de Kennedy… les années défilent. En trois générations, les Meisenheimer vont traverser drames, épreuves et joies. et l’Amérique se construire sous nos yeux.

Et, en leur compagnie, nous ne verrons pas le temps passer.

Une symphonie américaine d’Alex George chez Belfond.

L’HOMME QUI A OUBLIÉ SA FEMME

Une comédie émouvante et désopilante sur la vérité de nos amours…

Vaughan reprend connaissance dans un métro londonien, totalement amnésique. Il ne sait plus rien. Ni son nom, ni son métier, ni où il habite. A-t-il des enfants ? Une femme ? Une maison ?

L’homme qui a oublié sa femme © La Vie Est Belle Voyages

Après des scènes ubuesques, enfin, un homme se présente. Son meilleur ami. Qui s’engage à faire remonter des informations à sa mémoire. Et lui parle de son divorce.
Vaughan dans le même instant apprend qu’il est marié et qu’il sera officiellement divorcé dans quelques jours.
Commence alors pour lui un périple affectif : revoir Maddy et comprendre la raison de cet échec qui lui en apprendra peut-être plus sur son passé, toujours enfoui sous l’amnésie.
Problème. Quand il revoit Maddy, il en tombe fou amoureux et va tout faire pour la reconquérir.
Ça ne va pas être simple…



L’homme qui a oublié sa femme de John O’Farrell aux éditions Presses de la cité.

dimanche 9 novembre 2014

LES PROIES DU LAC de Kate Watterson

Complot ou jeu de piste macabre ?

Venu prendre quelques jours de vacances dans le Wisconsin pour se remettre de son récent divorce, Bryce Grantham fait la connaissance d’une jolie étudiante et la raccompagne chez elle. Le lendemain, alors que lui rapporte son téléphone portale qu’elle a perdu dans sa voiture, il la découvre morte, assassinée.
C’est la panique, d’autant qu’il s’agit du quatrième meurtre dans la région en dix-huit mois.
Pour la police, il n’y a aucun doute, Bryce devient le suspect numéro 1, avant même que toute une série de preuves l’accusent d’être le coupable.

Les proies du lac de Kate Wattterson © La Vie Est Belle VOYAGES


Malgré une attirance physique réciproque, la détective Ellie MacIntosh en charge de l’enquête, est persuadée que Bryce est le serial-Killer qu’elle recherche.

Toutes sa difficulté va consister à faire et refaire toujours le même choix : celui de la confiance.
Doit-elle écouter son coeur ou raison ?
Dans un  cas comme dans l’autre a-t-elle tort ou raison ?



Les proies du lac de Kate Watterson aux éditions Presses de la cité.

vendredi 17 octobre 2014

LA FAISEUSE D’ANGES de Camilla Läckberg

Ils ont perdu leur fils dans des circonstances difficiles. Pour tenter de faire son deuil, Ebba accompagnée de son mari, revient sur les traces de son passé sur l’île de Valö, là où âgée de quelques mois, tenant à peine debout, elle a assisté à un drame qui a anéanti sa famille. Alors qu’ils espèrent trouver la paix, un incendie criminel, visant sans doute à effacer des traces, va alimenter les imaginations et provoquer une enquête dont les résultats vont éclairer d’un jour tout à fait nouveau, les conclusions de celle menée en 1974.

La faiseuse d’anges - © littéroscope La Vie Est Belle Voyages


L’auteure nous promène dans des histoires familiales qui se heurtent et dont les schémas se reproduisent alors que les protagonistes ne savent rien les uns des autres. Avec un certain culot - fort appréciable, Camilla Läckberg, donne un rôle à Goering, le bras séculier d’Hitler.

Enfin, les adolescents aux hormones surexcitées, présents sur les lieux du drame en 1974, sont devenus des hommes. Aucun n’a vraiment bien tourné. Aucun n’est réellement un homme bien. Seule, la vérité leur donnera, peut-être, une légitimité. Mais à quels risques ? Dans cette part d’ombre, quelle est la part de leur responsabilité commune. Qu’ont-ils à cacher ?

Au travers des yeux d’Erica, romancière et épouse de l’inspecteur en charge de l’enquête, le lecteur se promène sur un fil du temps de 1908 à nos jours.

Ce que j’en pense.
Camilla L äckberg a ses fans. Je la découvre pour la première fois. Dans un style efficace et une jolie plume, elle conduit ses lecteurs là où bon lui semble. C’est déjà beaucoup. La faiseuse d’ange est un excellent roman dont on veut absolument savoir la fin… suffisamment ingénieuse pour ne pas être prévisible trop tôt.


La faiseuse d’anges de Camilla Läckberg chez Actes Sud Noir

vendredi 13 juin 2014

LE LISEUR DU 6H27, un livre de Jean-Paul Didierlaurent


Le liseur du 6h27 ©lavieestbellemag.com
Guylain Vignolles a des responsabilités pesantes : il dirige la grosse Zestor 500, une énorme machine à manger les livres invendus, une broyeuse sans cœur, un pilon destructeur ! Tous les jours des millions de pages redeviennent pâte à papier puante. Ça déprime Guylain. Chaque jour, pour contrebalancer la tâche exterminatrice de la machine, il sauve quelques feuilles éparses qu’il lit à haute voix dans le métro, inconscient de la joie qu’il procure. Un jour, sur son strapontin, il découvre une clef USB perdue. Pour la rendre à son propriétaire, il va devoir la lire…

J'adore ce premier roman étonnant. Avec lui, on voyage des entrailles d’un monstre aux habitudes des usagers des toilettes public dans un centre commercial. Sur le papier, ce n’est pas folichon. À lire c’est remarquable !

Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent au Diable Vauvert

mercredi 23 avril 2014

LES BRUMES DE L’APPARENCE de Frédérique Deghelt

Tout va pour le mieux dans la vie Gabrielle quand un notaire de province lui annonce qu’elle hérite d’une masure au milieu d’une forêt…

Et puisqu’il faut bien régler tout cela, elle se lance sur la route, abandonnant mari médecin esthétique, fils brillant et clients de son agence évènementielle. Au fin fond d’une province ignorée, dans un village à l’hôtellerie fragmentaire, les "gentils" sont rares. Heureusement, un agent immobilier chargé de la vente va assurer un service d’accueil minimum. Les voilà partis à l’assaut d’une forêt baptisée par les bonnes âmes du coin : la forêt des sorciers !

Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt © La vie est belle Voyages

Ronces, arbres noués, masure sans toit ou presque… Bref, dix hectares d’enchevêtrement végétal traversés par une rivière lointaine, éclairés par des bandes de lucioles. Pas vraiment rassurant… Alors, pourquoi Gabrielle passe-t-elle la nuit dans la seule pièce acceptable de la minuscule maison ? Et cette odeur de fleurs blanches d’où vient-elle ? Dans son sommeil peuplé de rêves étranges et de cauchemars, elle ne sait plus très bien si elle est allée se baigner dans l’anse de la rivière… Et qui est Francesca, cette vieille femme dont l’allure et le visage lui rappellent d’anciens souvenirs.

Gabrielle voulait voir, vendre, se débarrasser de cet encombrant héritage… Elle va se découvrir des liens insoupçonnés avec la nature, les êtres, vivants et morts. Au gré d’un accident, elle découvre sa médiumnité.

La combattre ne suffira pas… Et s’il lui fallait l’apprivoiser ? En temps réel, l’auteure nous fait partager les tâtonnements et interrogations de Gabrielle suivis de révélations inattendues.

Un bémol : l'usage forcené des pronoms relatifs et du négatif qui alourdissent le propos de l’auteur. On passe souvent de phrases magnifiques, simples et lumineuses à une pelote emmêlée de mots, tout en version négative, dont il faut tirer le bon fil pour en comprendre le sens.

Mais oublions. Les brumes de l’apparence est un très joli roman de Frédérique Deghelt. Il nous interroge sur la différence, sur les choix de nos vies, sur la réalité de nos perceptions. On s’attache volontiers aux personnages, à leur évolution, à leur fuite parfois. Et la fin est un bonheur.

Judith Lossmann

Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt aux éditions Actes Sud

jeudi 30 janvier 2014

LE SOURIRE DES FEMMES de Nicolas Barreau


Une fois n’est pas coutume, Héloïse d’Ormesson (dont nous apprécions particulièrement les choix) publie un livre sans grand intérêt, voire un tantinet ennuyeux.

Le sourire des femmes de Nicolas Barreau ©La Vie Est Belle Voyages
Certes l’écriture est limpide, on ne se heurte pas à la complexité de phrases sans fin, sans point, sans sens… Mais, que dire de cette thématique (décidément dans l’air du temps) d’un auteur amoureux d’une lectrice et qui lui cache son statut de romancier ?
Nicolas Barreau, un pseudo, connait bien le monde de l’édition et son livre est présenté comme un best-seller international. Peut-être ai-je mauvais goût mais je ne partage pas cette bonne nouvelle.
Ce roman à deux voix (une au féminin, l’autre au masculin), se perd dans les redondances et l’observation de la situation d’un point de vue ou de l’autre conduit à des répétitions sans intérêt. Ensuite, peut-être suis-je rodée et trop bien avertie, mais j’ai su encore plus vite que Nicolas Barreau ne l’aurait voulu, ce qu’il en était du tour de passe-passe concernant l’auteur du livre (dans le livre !).
Il n’en demeure pas moins que ce roman est écrit par un bon vivant, généreux, amateur de bonne chère, qui ne manque pas d’une pointe d’humour et d’un sens de l’auto-dérision. C’est donc cela qu’il faut retenir de ce bouquin qui se lit à l’aéroport, le temps d’un vol ou d’un voyage en train. Pas inoubliable mais les fleurs bleues y trouveront leur compte.

Le pitch. Aurélie, jeune propriétaire d’un petit restaurant parisien, achète un livre le jour de sa rupture avec son amant. Une surprise de taille l’attend au fil des pages : l’héroïne du livre lui ressemble étonnamment, possède un restaurant du même nom que le sien, la même robe et le même bijou… alors qu’elle ne connait pas l’auteur. Elle est bien déterminée à faire sa connaissance.
Judith Lossmann

Le sourire des femmes de Nicolas Barreau aux éditions Héloïse d’Ormesson.